Bilan initial (apprenants du primaire) : la compréhension des textes lus

Dernière modification effectuée le 16-11-2018.

Voici l’un des volets du bilan initial en français pour des apprenants du primaire.
Nous nous intéressons ici à la compréhension de l’ensemble d’un texte, dans sa logique, ses articulations et son sens global.

La compréhension d’un texte ne se réduit pas à la compréhension des mots qui le composent, autrement dit à la connaissance du vocabulaire.
À l’école, on travaille sur des textes narratifs (les contes, par exemple) mais aussi sur des textes documentaires, qui s’apparentent aux textes utilisés dans les disciplines autres que le français (histoire, géographie, sciences, etc.). Tous ces textes ne posent pas les mêmes problèmes. Il n’est pas rare que des apprenants soient très à l’aise dans la compréhension d’histoires, mais soient en difficulté sur des textes documentaires, et inversement. D’où la nécessité d’explorer les compétences de l’apprenant sur des textes variés.

Pour cette phase de bilan, il faut choisir des textes qui semblent faits en grande partie de mots connus et régler très vite le problème des mots que l’on juge difficiles (restons lucides : les risques de mauvaise anticipation de la part du formateur sont inévitables).
Le travail s’effectue oralement, ou avec un minimum d’utilisation de l’écrit (barrer, surligner), car les efforts qu’entrainerait le passage à l’écrit pourraient détourner l’enfant de ce qu’on cherche à savoir.
Les consignes varient selon les textes. Les consignes 1 et 2 s’appliquent aux récits, les consignes 3 et 4 valent aussi bien pour les textes documentaires que pour les récits.

1) Une demande implicite de résumé

Certains récits se prêtent bien à une consigne simple dans sa formulation, mais qui implique de revisiter l’ensemble du texte. L’apprenant fait, sans qu’on le lui ait demandé explicitement, un résumé. La manière dont il se débrouille avec cette tâche et réagit aux relances du formateur révèle ce qu’il a compris.
Exemple : « Le pauvre Lazard », sur le site contesafricains.com
Ce texte parait tout à fait abordable et court. Il faut cependant expliquer « clairvoyance », ou mieux, s’autoriser à modifier le texte donné à l’enfant en remplaçant « don de clairvoyance » par « don de voir ce qui se passait loin de lui » ou quelque chose de ce genre. « Don » peut poser problème, mais « pouvoir » (et pourquoi pas « superpouvoir ») n’en posera sans doute pas !
Il suffit de prendre la question finale du conte lui-même : « Selon vous, qui de ses trois enfants a vraiment sauvé son père ? »

2) Une demande explicite de résumé

Pour la plupart des textes, le plus simple, c’est de poser une question très ouverte : « Alors, qu’est-ce que ça raconte ? ». Variante : « Raconte cette histoire comme si tu la racontais à ta petite sœur. » Si l’enfant est en panne, ne sait pas comment commencer ou poursuivre, on le relance : « C’est l’histoire de qui ? Ça se passe où ? X fait quoi, après ? Ça finit comment ? »

3) Les « vrai-faux  »

On peut en fabriquer sur l’ensemble du texte ou sur une partie, selon la longueur, en demandant à l’apprenant de justifier sa réponse, de retrouver dans le texte le passage qui la valide et si c’est faux, de dire le vrai.
Exemple 1 : une autre manière de travailler sur « Le pauvre Lazard »

VRAI ou FAUX ?

• Lazard était très riche.
• Lazard n’avait pas d’enfants.
• Le premier enfant pouvait voir des choses qui se passaient ailleurs.
• Le second enfant était un voleur.
• Le troisième enfant avait le don de guérison.
• Un jour, le premier enfant est tombé malade.
• Grâce à leurs dons, les trois enfants ont sauvé leur père.
• À la fin, les enfants se disputent.

Exemple 2 : Le panda [1]
VRAI ou FAUX ?
• Le panda géant vit dans les plaines.
• Les pandas sont très nombreux.
• Le cri du panda ressemble à un aboiement.
• Un panda pèse environ 10 kg.
• Sa fourrure bicolore lui permet de se cacher facilement parmi les arbres.
• La panda a une sorte de pouce en plus de ses 5 doigts.
• Le panda boit l’eau des sources qu’il trouve dans la montagne.
• Il lui faut presque 40 kg de bambou par jour.
• Ce qu’il préfère dans le bambou, c’est l’écorce.

On propose plusieurs reformulations pour tout ou partie d’un texte, et on demande quelles sont les bonnes. Les reformulations sont rédigées de manière à être faciles à comprendre (plus, même, que le texte source qui peut présenter des difficultés). Comme pour le vrai-faux, il faut demander à l’apprenant de commenter ses réponses. L’exercice peut paraitre bien facile (et s’il est réussi sans difficulté, c’est une information pour le formateur, qui pourra éventuellement en construire un autre, plus ardu), mais il n’est pas rare qu’on soit très surpris des réponses, justifications et hésitations.

Exemple 1 : un récit

Un passage de Chien Bleu [2] où Charlotte et ses parents piqueniquent dans les bois.
Après le déjeuner, [sa mère] lui dit : « Regarde bien le long des chemins et sous les buissons. Je suis sure que tu trouveras des fraises des bois. Mais ne t’éloigne pas. »
Charlotte s’enfonça dans les bois. Comme elle trouvait de plus en plus de fraises, sans s’en rendre compte, elle s’éloigna de plus en plus de l’endroit où ses parents piqueniquaient.
Quand le panier fut plein, elle voulut retourner sur ses pas. Mais elle se trompa de chemin et alla dans le mauvais sens. Elle appela de toutes ses forces, personne ne répondit.

Consigne : dis-moi les phrases qui résument bien ce qu’on vient de lire.
Les phrases sont lues par le formateur et l’apprenant les a sous les yeux. On peut lire ou faire relire le passage-cible.
a) Charlotte voit des fraises des bois, et elle demande à sa mère si elle peut aller en cueillir.
b) Charlotte est en colère contre ses parents qui lui interdisent de voir Chien Bleu, alors elle profite du piquenique pour partir à sa recherche dans les bois.
c) Charlotte cueille des fraises des bois, mais elle va trop loin.
d) Charlotte cueille des fraises, puis elle revient vers ses parents, mais ils sont déjà partis.
e) Charlotte cueille des fraises, puis elle veut revenir vers ses parents, mais elle ne trouve plus son chemin.

Exemple 2 : un texte documentaire sur le cinéma [3]

Dans chaque série de phrases, repère celles qui disent la même chose que le texte (il peut y en avoir plusieurs).
• L’invention des Frères Lumière permet de projeter des films, mais pas de les faire.
• L’invention des Frères Lumière permet de faire des films, mais pas de les projeter.
• L’invention des Frères Lumière permet de faire des films et de les projeter.

• Les premiers films étaient constitués d’images avec un peu de musique.
• Les premiers films étaient constitués d’images sans son.
• Les premiers films étaient constitués d’images sans son, mais dans la salle du cinéma il pouvait y avoir un musicien qui jouait en même temps que le film.

Le Chanteur de jazz est un film parlant.
Le Chanteur de jazz n’a pas plu au public.
Le Chanteur de jazz a beaucoup plu au public, parce que c’était la première fois qu’on entendait chanter un acteur.

• Le premier film en Technicolor date de 1937.
• Le premier film en Technicolor a eu un grand succès.
• Le premier film en Technicolor, c’est Une étoile est née.
• C’est l’invention du « Technicolor » qui a permis de faire des films en couleur.
• Au début, si on voulait des images en couleur, il fallait colorier la pellicule à la main, image par image.
• Les gens n’ont pas aimé le premier film en Technicolor, parce qu’ils trouvaient les couleurs peu naturelles.

Marie-Michèle CAUTERMAN


[11.Le panda, fou de bambous, Valérie Tracqui, Mini Patte Milan, 2000. Disponible à La Clé.

[2Chien Bleu, Nadja, l’école des loisirs, 1989. Disponible à La Clé

[3Support : une réécriture des articles « Cinéma » deWikipédia et Vikidia

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