A quoi ça sert d’écrire des rapports de projets et de stage à l’IUT ?

Dernière modification effectuée le 24-11-2014.

Après tout, vous êtes-vous déjà posé cette question ?
« À avoir une note ! Parce qu’on est obligé ! » Voilà les réponses que j’obtiens le plus souvent quand je la pose moi-même à des étudiants.
Certes ! Mais avouez que c’est un peu court, et que cela justifie assez mal le fait que l’on doive y consacrer tant d’heures de travail.
Pour autant, l’idée qu’il s’agit essentiellement d’une corvée à laquelle on ne peut se soustraire est assez courante. Dès lors, on ne s’étonnera pas outre mesure de voir se développer des comportements de contournement. La tentation est bien grande de reprendre à l’identique des rapports que l’on a déjà faits ; de copier-coller des fragments plus ou moins importants sur d’autres rapports ; de s’y prendre trop tard, en disant régulièrement au professeur : « Ne vous inquiétez pas Monsieur, tout est dans ma tête ! » ; de rendre finalement en catastrophe un travail qui n’a pas été relu, ni par son auteur ni par un ami, ni par le moindre enseignant référent.
J’exagère ? Sans doute ! Je plaisante ? Sûrement !

Et si tout cela était dû, au delà du fait qu’il est difficile et coûteux d’écrire, à ce que l’on mesure mal les enjeux d’un tel travail ?
Sans doute n’est-il pas inutile, en tête d’une rubrique consacrée aux cahiers des charges des différents rapports que vous avez à faire à l’IUT, de poser la question du POURQUOI avant de poser la question du COMMENT.

Rappelons au préalable que les écrits que vous avez à produire sont toujours en relation avec une expérience professionnelle que vous vivez sur le terrain de l’entreprise ou de l’IUT dans le cadre de vos projets tuteurés. Dans bien des cas, vous avez à concevoir, mettre en œuvre et évaluer un projet réel sur un terrain donné. Il y a donc à la fois un processus (le projet) qui va se traduire par un produit (le rapport).

Si l’on vous fait écrire à ce sujet, c’est donc avec l’idée que cette activité constitue un outil particulièrement intéressant sur plusieurs plans :

Ainsi, le fait de devoir présenter votre entreprise vous incite à développer vos connaissances sur celle-ci, son histoire, ses produits, son marché, ses concurrents, mais aussi à vous approprier des outils d’analyse et de méthodologie. Écrire sur ce sujet vous amène à vous poser sur l’entreprise des questions que vous ne vous seriez pas posé autrement. Au bout du compte, vous en saurez plus que certains personnels en poste ne le savent parfois.

Dans la plupart des cas, vos rapports ont à voir avec la conception, la mise en œuvre, l’analyse d’une action ou mission dans l’entreprise. Du coup, l’ensemble des rencontres et échéances que vous avez avec vos référents à l’IUT fonctionne comme des moments de réflexion dans l’émergence et le choix de votre projet, la détermination et la stabilisation d’une problématique, l’étude de la faisabilité du projet par rapport à vos contraintes universitaires et à celles de l’entreprise, le choix d’une méthode de réalisation et d’analyse. Finalement, c’est une forme de relation entre théorie et pratique. Écrire aide à penser son action !

« Monsieur, ne vous inquiétez pas : tout est dans ma tête ! »
Certes, mais quand on se met à écrire, on s’aperçoit que c’est moins simple.
- Écrire l’historique d’une entreprise en trente-cinq dates, c’est bien : les synthétiser en cinq étapes clés de développement de l’entreprise, c’est mieux !
- Présenter en quinze paragraphes détaillés l’ensemble des missions que l’on a effectuées pendant son stage, c’est bien : les synthétiser en trois grands blocs avec des sous-parties, c’est mieux !
- Faire dans son bilan personnel et professionnel l’énumération de toutes les compétences que l’on a acquises pendant son stage, c’est bien : les organiser par blocs correspondant à des champs différents, c’est mieux !
En matière d’écrit, le travail commence souvent vraiment quand on croit l’avoir terminé. Écrire, c’est réécrire !
On cite souvent ces vers de Boileau, un poète français, qui disait :
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
Mais il faudrait ajouter :
« Ce qui se conçoit mal se dit obscurément
Et la nécessité d’écrire l’éclaircit puissamment ».

Écrire suppose que, pour être compris, emporter l’adhésion, donner une bonne image professionnelle de soi, l’on arrive à exposer clairement ses idées par le biais d’une organisation cohérente (plan, construction de la problématique, modalités d’exposition et d’argumentation), d’une mise en mots correcte et compréhensible, d’une maîtrise enfin des normes écrites (vocabulaire, syntaxe, orthographe, typographie, mise en page) qui constituent finalement une norme qualité de l’écrit, au même titre qu’il existe des normes qualités dans le monde professionnel.
L’ensemble prend la forme d’un « produit » qui correspond aux exigences universitaires en vigueur.

Au bout du compte, ce que vous apprenez à travers ce travail, c’est la maîtrise progressive d’une méthodologie de conduite de projet dans ses différentes dimensions, ainsi que la capacité à en rendre compte de manière satisfaisante par l’écrit.
Au cours de votre carrière professionnelle, vous serez peut-être amené à rédiger des rapports destinés à conduire à des prises de décisions pour l’entreprise.
N’oubliez pas que classer, hiérarchiser, analyser, synthétiser, rédiger, sont des compétences de cadre, qui, comme toutes les compétences, s’apprennent et se développent par une pratique, ce qui permet ensuite de le transférer dans d’autres situations, universitaires ou professionnelles.

En conclusion, il est clair que plus vous retardez le moment de commencer à écrire, moins vous toucherez l’utilité et l’intérêt d’un travail dont je concède volontiers qu’il n’est pas toujours facile.
Bien sûr, je n’aurai pas la naïveté de croire que les quelques lignes qui précédent suffisent à elles seules à changer les comportements face à l’écrit évoqués au début de cet article. Mais j’ai la faiblesse de croire que savoir pourquoi on fait les choses est une aide à leur réalisation. Bon courage !

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L’écrit en IUT : une variété de productions à maîtriser
TC