L’objectif de la typographie est de faciliter la lecture tout en rendant l’impression harmonieuse au regard, et les règles ont été établies pour lever des ambiguïtés qui peuvent conduire à des contresens, et qui ralentissent le lecteur.
En bref, il s’agit d’inculquer, autant que le respect des règles, le respect du lecteur.
Tout d’abord, quelques exemples d’erreurs courantes pour prendre conscience du problème :
Les noms de jours et de mois ne sont pas des noms propres : ils s’utilisent sans majuscule !… Sauf s’il s’agit de la date de la fête nationale : le 14 Juillet, ou d’un nom de rue : la place du 4-Septembre …
Et cætera, locution latine qui s’écrit par conséquent en italiques si elle est entière, s’abrège en « etc. ». Le point, unique, signale qu’il s’agit d’une abréviation. Et si l’abréviation termine la phrase (c’est souvent le cas !), on ajoute un point, et un seul. Il est donc inexact du point de vue typographique d’écrire « etc… » avec trois points : il n’en faut que deux !
On écrit Monsieur en abrégé avec « M. ». Écrire « Mr » est une erreur que tout le monde commet.
On écrit Téléphone en abrégé avec « Tél. », et la règle veut que les 10 chiffres qui suivent soient groupés par deux, séparés par un blanc et non par un point. Et surtout pas de « : » entre l’abréviation et les chiffres !
On écrit kilomètre en l’abrégeant si on le souhaite avec « km ». Pas de K majuscule !
On écrit sans erreur : « du champagne », et « du vin de Champagne », ou « un moteur Diesel ». Alors, majuscule ou pas majuscule ? Ça dépend, mais il y a parfois une logique !
« À mon avis … » Observez bien le « À » : les lettres majuscules correctement typographiées ne doivent pas perdre leur accent…
I. GÉNÉRALITÉS : SOIGNER LA PRÉSENTATION TYPOGRAPHIQUE
Outre la correction du style, de l’orthographe et de la grammaire, il est nécessaire que le texte soit parfaitement présenté :
blancs de justification harmonieusement répartis ;
peu de mots divisés (pas plus de trois lignes consécutives affectées d’une césure) ;
pas de ligne isolée en tête ou en fin de page (veuve ou orpheline) ;
pas de notes réparties sur deux pages ;
titres homogènes, sans point à la fin ;
fontes de caractères en nombre limité (deux au plus si possible, rarement trois, et surtout pas quatre ou plus).
Ce qu’il faut absolument éviter :
Les "coquilles" (fautes de frappe) : utiliser systématiquement les correcteurs orthographiques disponibles avec la majorité des logiciels de traitement de textes, mais le faire avec un œil critique, car ils ne respectent pas les règles de typographie françaises, et ne tiennent aucun compte de la grammaire. Il arrive même qu’ils proposent des corrections erronées sur ce plan. Cf. à ce sujet l’article sur les correcteurs orthographiques.
Les paragraphes compacts et serrés, une mise en page « indigeste ».
Une longueur de lignes mal adaptée au lectorat (les enfants ont un empan visuel moins large qu’un adulte).
Les phrases trop longues, trop complexes, avec des subordonnées nombreuses.
Les caractères trop petits (ou trop grands).
II. LA PONCTUATION
Les signes de ponctuation font partie intégrante du texte, et leur écriture obéit à des règles impératives.
Les logiciels de traitement de textes ne sont pas adaptés aux règles « classiques » de la typographie : les espaces ne sont pas insécables, les blancs qui encadrent les signes de ponctuation ne sont pas gérés comme tels.
La présence d’une touche spécifique d’espacement sur le clavier implique la connaissance de quelques règles d’encadrement de la ponctuation, que I’on peut généraliser ainsi :
Un signe de ponctuation simple ( . ,) est toujours suivi d’une espace (en typographie, espace est un mot féminin : il désigne la petite pièce de métal qui sert de séparateur ou de blanc) :
la virgule est toujours accolée au mot précédent, mais un blanc la sépare du mot suivant ;
le point est toujours accolé au mot et suivi d’un blanc.
Un signe composé de plusieurs éléments ( ; : ! ? « » ) est précédé et suivi d’une espace :
En typographie, le blanc entourant les signes de ponctuation doubles est plus petit qu’une espace, mais cette règle est difficile à suivre en traitement de textes où l’espace a une taille soit fixe soit extrêmement variable, selon le cas. Cadratin, demi-cadratin, espace fine, désignent des espaces de dimensions précises, et sont gérés par les logiciels de mise en page dignes de ce nom.
Pour éviter que le signe de ponctuation soit coupé du mot qui le précède (il risquerait alors de se retrouver tout seul au début d’une ligne) on utilisera, entre le mot qui précède le signe et le signe lui-même, l’espace "insécable" obtenue sous Word par la combinaison des touches CTRL+MAJ+ ESPACE (code ANSI 0160 = Alt+0160).
Les deux-points, le point-virgule, le point d’exclamation, les guillemets et le point d’interrogation sont précédés et suivis d’un blanc.
Quelques exceptions :
le trait d’union relie deux mots pour n’en former qu’un, il ne faut donc de blanc ni avant ni après.
L’apostrophe ne demande de blanc ni avant, ni après. Aussi, la césure est-elle interdite après une apostrophe.
La parenthèse demande un blanc avant son ouverture et un blanc après sa fermeture.
Les points de suspension, toujours au nombre de trois, ne veulent pas d’espace avant mais exigent une espace après…
Ponctuation : comment faire
Dénomination
Taper
virgule ,
rien, espace
point .
rien. espace
points de suspension (fin de mot) ...
alt0133 espace
points de supsension (remplacent un mot) ...
espace alt0133 espace
trait d’union -
rien - rien
apostrophe ’
rien ’ rien
tiret -
espace alt0151 espace
point-virgule ;
insécable ; espace
point d’exclamation !
insécable ! espace
point d’interrogation ?
insécable ? espace
deux point :
insécable : espace
guillemets ouvrants «
espace alt174 insécable
guillemets fermants »
insécable alt175 espace
parenthèse ouvrante (
espace (
parenthèse fermante )
) espace
crochet ouvrant [
espace [
crochet fermant ]
] espace
III. LES ABRÉVIATIONS
Dans une lettre, les abréviations « d’économie » sont proscrites. On ne les utilise que dans des notes, catalogues, tables d’index, etc..
Elles sont cependant autorisées pour désigner des unités de mesure, des noms d’organismes publics (on utilisera le sigle ou l’acronyme), des mots pour lesquels existent des signes conventionnels ( &, $, §, etc.).
Afin d’éviter les confusions, un certain nombre d’abréviations (unités de mesure) sont permises par la loi ou les usages (petites annonces, par ex.).
Voici quelques abréviations correctes :
Monsieur = M. (et non pas Mr, qui est inexact) ; Messieurs = MM.
Madame = Mme ; Mesdames = Mmes
Mademoiselle = Mlle ; Mesdemoiselles = Mlles
Maître = Me ; Maîtres = Mes
Docteur = Dr
Principales abréviations :
are = a ; hectare = ha ;
millimètre = mm ;
gramme = g ; tonne = t ;
kilomètre = km (pas de K majuscule !) ; kilogramme = kg ;
litre = l ; centilitre = cl ;
centigramme = cg ; milligramme = mg ;
watt = W ; kilowatt = kW ;
décibel = dB ; hectoPascal : hP
degré = ° ; grade = gr ; seconde (angle) = " ;
degré Celsius = °C ; degré Fahrenheit = °F ;
heure = h ; minute = mn ou min ; seconde = s ;
volt = V ; kilohertz = kHz ; mégaoctet = Mo.
pourcentage : %
euro : €
dollar : $
Les abréviations mentionnées ci-dessus sont invariables, elles ne se mettent pas au pluriel.
Elles sont séparées du nombre qu’elles suivent par une espace.
IV. L’INITIALE EN MAJUSCULE
En français, la majuscule de première lettre s’utilise dans les conditions suivantes :
premier mot d’une phrase ou d’un vers ;
monsieur, madame, dans les expressions du genre : « … recevez, Monsieur Dubois, l’expression … » ;
début d’une citation, d’un dicton, d’une devise, d’un aphorisme ;
noms de marques et de modèles de marque (Solex, Frigidaire) ;
noms des villes, pays, lieux-dits, peuples et habitants des régions ;
noms des partis politiques et ordres civils, militaires et religieux ;
noms historiques ;
noms des monuments publics ;
noms des sociétés, établissements, etc. ;
les sigles ;
les titres d’ouvrages ;
les points cardinaux s’ils sont abrégés : N. = nord ; S.-O. = sud-ouest.
On n’utilise pas les majuscules pour :
les noms des jours et des mois (janvier, thermidor, lundi, mercredi) ;
les titres et qualités des chefs d’État ou de gouvernement (le premier ministre, le roi, le pape) ;
les déterminatifs et adjectifs (la Légion d’honneur, la Cour suprême) ;
les noms des religions.
Contrairement à un usage répandu, la majuscule ne s’utilise pas après :
les deux-points ;
un point d’interrogation ou d’exclamation qui ne termine pas la phrase.
V. LES SIGLES ET ACRONYMES
Les sigles s’écrivent s’écrivent désormais sans point(s) : RG, IEN., EDF-GDF, SNCF. IUT.
Actuellement, il est admis (à condition que le sigle puisse se lire comme un nom) d’utiliser les minuscules (appelées "bas de casse") avec seulement une capitale initiale (acronymes) : Onu, Unesco, Ena, Assedic.
VI. LES NOMBRES
Les nombres peuvent être écrits selon les cas en chiffres arabes, en chiffres romains, ou en toutes lettres.
On écrit les nombres en toutes lettres dans les cas suivants :
travaux littéraires, exception faite pour les dates (deux cents euros) ;
actes ayant une valeur légale (le huit janvier mil neuf cent cinquante) ;
indications d’âge, de fonction, de rang, de distance (cinquante ans) ;
début de phrase ou d’alinéa (Dix fois sur le métier...) ;
indication de durée (sept ans et neuf mois).
On utilise les chiffres romains dans les cas suivants :
indication de siècle (XXe siècle) ;
indication d’arrondissement (Ve arrondissement) ;
pour ce qui se rapporte aux armées (IVe Hussards) ;
s’ils font partie d’un titre (Chapitre XI) ;
pour ce qui se rapporte à une dynastie (Louis XIV) ;
les indications de tomes, chapitres, etc. (Tome II).
On écrira les nombres en chiffres arabes dans les cas suivants :
tous les travaux scientifiques, calculs (640 x 480) ;
les mesures et coordonnées (x = 80 y = 25) ;
les heures (17 h 30) ; noter qu’on doit écrire 10 h 5 et non pas 10 h 05 ;
les taux (50 %) avec une espace insécable entre le dernier chiffre et le symbole % ;
les dates et numéros de téléphone (08/01/97) (03 84 97 11 22) ;
les numéros d’immeubles (5, rue de la Préfecture) ;
les articles des codes (art. 1) ;
les appels de notes (1).
Dans les cas où un litige pourrait naître, le nombre est également écrit en toutes lettres (actes notariés, contrats de banque).
Le principe selon lequel tous les nombres au delà de vingt sont à écrire en chiffres est sans fondement.
En typographie classique, on utilise l’espace pour séparer les tranches de trois chiffres (16 777 216). Il n’est pas conseillé d’utiliser le point pour séparer les tranches ; on utilise un blanc d’un quart de cadratin. C’est-à-dire un quart de la largeur du corps utilisé (ce caractère n’existe pas en informatique).
Observer que l’usage américain demande un point à la place de la virgule française, et une virgule pour séparer les tranches de 3 chiffres : 12.456,537 correspond en français au nombre 12,456 537 qui a un tout autre aspect et une toute autre signification numérique !
De plus, le nombre écrit en chiffres ne doit pas être coupé ; on utilise par conséquent l’espace insécable pour séparer les groupes de chiffres, ce qui pose parfois quelques problèmes de justification !
Adjectifs numéraux ordinaux :
premier = 1er ; premiers = 1ers ; première = 1re ;
deuxième = 2e ; troisième = 3e : on n’utilise pas "ème" ou pire "ième" ;
second : 2nd ; seconde = 2nde (on utilise deuxième s’il y a au moins un troisième ; et second s’il est le dernier de l’énumération).
VII. LES DIALOGUES
Dans un dialogue :
on utilise un tiret pour distinguer les interlocuteurs,
on place des guillemets uniquement au début et à la fin du dialogue.
Ex. :
« Il fait trop chaud aujourd’hui !
— Déshabillez-vous !
— Vous êtes sûre ?
— Mais oui, allez-y, je fermerai les yeux. »
Parfois, on ne met pas de guillemets du tout : alors on remplace le guillemet ouvrant par un tiret, et on supprime le guillemet final.
Le texte prononcé par un seul et même personnage ne doit figurer que dans un seul alinéa, même s’il est très long. Dans des cas exceptionnels, si par exemple il faut découper le texte du personnage parce qu’il doit figurer sur des pages non successives (article découpé en plusieurs tronçons [suite page x ; suite au prochain numéro] dans un journal) :
le dialogue débute par un guillemet ouvrant,
le 1er alinéa du texte de ce personnage commence par un tiret,
un guillemet ouvrant débute chacun des alinéas suivants (sans guillemet fermant en fin d’alinéa),
enfin un unique guillemet fermant termine le dialogue.
Ex. :
« Il fait trop chaud aujourd’hui !
— Enlevez donc, dit-il*, ces quelques vêtements qui vous encombrent ...
« Et ne vous gênez pas pour moi, je fermerai les yeux ...
>> ici peut se situer la coupure du texte
« Jusqu’à ce que vous me permettiez de les ouvrir !
— C’est d’accord ! »
(*) On place simplement entre deux virgules l’incidente (dit-il, s’écria-t-elle, ...), sans répéter les guillemets. Mais si l’incidente se situe à la fin de la citation, elle se place après le guillemet final : « Je crois que j’ai la jambe cassée ! », osa-t-elle.
VIII. LES ITALIQUES
Les caractères italiques sont des caractères penchés ayant des dimensions et un dessin qui les différencient des caractères romains (ou droits) du même type.
Dans le corps d’un texte, les italiques sont utilisés dans les cas suivants :
titre d’une œuvre : L’Avare ;
titre d’une publication, journal, périodique, etc. : La Voix du Nord ;
les citations et locutions : je vous ai compris ;
les mots et locutions étrangers : vice versa, in extenso ; " a priori " a été francisé en " à priori ", qui n’a plus besoin d’italiques (idem avec à fortiori) ;
les dédicaces : À mon inspecteur préféré ;
les notes de musique, mais pas les signes d’altération do, si b ,fa # ;
les lettres minuscules à usage d’énumération ou de référence : un, deux. trois.
L’usage fait également qu’on utilise les italiques pour mettre en évidence un paragraphe, une remarque.
Obtenir des caractères non disponibles au clavier
Pour cela, il existe deux procédures :
1. Insérer des caractères spéciaux par le menu :
Dans Word : onglet Insertion ; rubrique symbole ; autres symboles.
Dans Open. Office : onglet insertion ; caractères spéciaux.
2. Effectuer directement des raccourcis au clavier.
Alt 0160 signifie : presser la touche Alt avec la main gauche, et maintenir cette touche pressée. Puis avec la main droite, taper sur le pavé numérique du clavier les chiffres 0, puis 1, puis 6, puis 0.
Enfin, relâcher la touche Alt : le caractère demandé s’affiche.
Attention : si l’on utilise un ordinateur portable, il faut préalablement activer le pavé numérique en laissant enfoncée la touche Fn et en appuyant sur Verr Num ou Num Lock. Laisser enfoncées Fn et Alt puis utiliser les chiffres indiqués en haut à droite de chaque touche du pavé numérique (défini sur l’image ci-dessous).
Synthèse réalisée à partir d’un travail rédigé par les animateurs du site suivant : Ac-Besancon
(Le document a été lui-même en partie inspiré d’un travail réalisé en 1997 par François Collot, CDDP de Haute-Saône).
POUR ALLER PLUS LOIN
Les amateurs consulteront avec plaisir Langue sauce piquante, le blog des correcteurs du journal Le Monde, parce qu’il fourmille d’anecdotes et que sa page d’accueil donne une série de liens utiles particulièrement bienvenus.