Pourquoi citer ses sources d’informations ?

Dernière modification effectuée le 16-02-2015.

Dès que l’on a un écrit long à produire, il est bien rare que l’on puisse produire l’ensemble des idées tout seul. On se tourne alors naturellement vers des sources d’information disponibles sur le sujet et vers des auteurs qui ont déjà traité de la question. On procède alors à des emprunts de différentes natures.
C’est du reste une vraie compétence que de savoir trouver des ressources adéquates pour enrichir sa réflexion, son sujet de travail, son rapport ou mémoire. Emprunter est donc pertinent et légitime !

Le problème vient du fait d’oublier, volontairement ou non, de citer explicitement les sources d’informations sur lesquelles on s’est appuyé, ce qui est très souvent le cas dans vos rapports ou mémoires, au point que parfois il devient impossible de démêler ce qui vient de vous et ce qui a été emprunté sous une forme ou une autre.

Pourtant, c’est un problème que, par analogie, vous connaissez bien dans les filières commerciales. En effet, vos cours abordent tôt ou tard la question de la contrefaçon de biens ou d’idées (brevets, marques, modèles...) ainsi que ses conséquences dommageables, pour le client, l’entreprise, l’État.

En fait, il s’agit globalement de plagiat, que l’on peut définir comme suit :

« Le plagiat est une faute morale, civile, commerciale et/ou pénale consistant à copier un auteur ou créateur sans le dire, ou à fortement s’inspirer d’un modèle que l’on omet, délibérément ou par négligence, de désigner. Il est souvent assimilé à un vol immatériel.
Le « plagiaire » est celui qui s’approprie indument ou frauduleusement tout ou partie d’une œuvre littéraire, technique ou artistique (et certains étendent ceci - par extension - à un style, des idées, ou des faits).
 »
 [1]

C’est donc une fraude, au même titre que la triche aux examens par exemple.

Bien sûr, vous avez (nous avons) tous « d’excellentes raisons » de faire ainsi :
le fait que qu’on ne sait pas que c’est interdit ; que l’on ne sait pas comment faire ; que l’on manque de temps ou que l’on s’y est pris trop tard ; que l’on est fatigué ou malade ; que le cours est compliqué ; que la matière n’est pas importante ; que ce travail ne nous servira pas plus tard ; qu’il faut avoir de bonnes notes pour que les bourses soient reconduites ou avoir son diplôme ; que tout le monde le fait ; qu’on n’est jamais pris ; que certains professeurs s’en moquent apparemment...
Ces raisons sont vieilles comme l’Université et se posaient déjà au temps du papier, avant l’arrivée du numérique.

L’arrivée d’Internet a par contre considérablement amplifié le problème en rendant très facile le fait de copier-coller et d’échanger des images fixes, des films, des séries, de la musique, et donc... des textes. S’est développée alors une « zone grise » dans laquelle chacun, minimisant sa responsabilité personnelle, triche peu ou prou, « à l’insu de son plein gré ». On a tous un peu l’impression, confortée du reste par la pratique de nombreux rédacteurs de sites, qui sur Internet qui se pillent les uns les autres sans jamais citer de sources, que c’est permis.
En fait on pense, à tort, que ce qui est libre d’accès et gratuit est également libre de droit. Or, cela reste soumis à droit d’auteur et à éventuelle propriété intellectuelle.

Ce plagiat peut concerner des idées, des faits, des synthèses, des fragments plus ou moins important de textes, toutes les formes d’illustration d’un rapport (schémas, tableaux, graphiques, cartes, photos, dessins...) et provenir aussi bien de documents papier anonymes ou dont l’auteur est connu, que de sites web personnels, associatifs, marchands ou institutionnels.

Ce qui est curieux à ce sujet, c’est que l’on ne témoigne pas de la même attention en fonction de la nature des documents : ainsi, le livre est plus respecté que la revue, la revue plus que le document interne ; le papier plus que le numérique et les images web encore moins que le texte numérique.

Les conséquences ne sont pas toujours aussi négligeables qu’il y parait. Il parait normal, en évitant une moralisation excessive, que vous en soyez informés.

Sachez que vos enseignants s’attendent à lire des écrits qui respectent les règles éthiques en usage à l’Université et sont donc très vite agacés quand ce n’est pas le cas.

Tout d’abord, l’usage du plagiat sous toutes ses formes dévalorise profondément votre écrit. Il arrive dans ce cas qu’en vous lisant on ait l’impression d’un patchwork plus ou moins habile dont on ne sait plus bien qui est l’auteur. Du coup, la suspicion du lecteur devant cette « langue de bois » devient générale et se traduit très négativement dans l’évaluation.
Il arrive même paradoxalement que votre véritable travail personnel en devienne invisible ! Un tableau ou graphique de synthèse que vous avez mis des heures à concevoir et réaliser, s’il est noyé anonymement dans une foule d’illustrations issues d’autres sources non citées, sera également considéré comme un copié-collé. Il ne viendra même pas à l’esprit du lecteur qu’il puisse être le fruit de votre travail !

De plus, vos enseignants peuvent se souvenir d’un fragment de rapport déjà lu auparavant ailleurs et qu’ils vont retrouver instantanément.
Ils peuvent aussi s’étonner d’une phrase ou d’un paragraphe trop beaux pour être vrais, par l’absence soudaine d’erreur orthographe, par un vocabulaire et une syntaxe soudain étonnamment fluides et maîtrisés... et retrouver facilement, en tapant le fragment sur Google, l’auteur original.
Ils peuvent surtout désormais, en cas de doute, soumettre tel rapport à l’expertise d’un logiciel de détection, comme Euphorus,
dont s’est équipée l’Université d’Artois. Il faut du reste savoir,que, du fait de l’ampleur du problème, toutes les Universités s’équipent à présent de cette manière.
Pour avoir fait partie de la Commission Disciplinaire de l’Université pendant cinq ans, j’ai pu mesurer à la fois l’augmentation des cas de plagiat sur lesquels nous avions à statuer (28 % des dossiers en 2011) et les conséquences néfastes pour les étudiants concernés : blâmes, exclusions temporaires ou définitives...).

En bref, vous l’avez compris, le problème n’est donc pas dans l’emprunt, mais dans le fait de penser à citer systématiquement ses sources, en utilisant les normes en vigueur à ce sujet : c’est l’objet de l’autre article de cette rubrique.

POUR ALLER PLUS LOIN

Vous pouvez consulter l’article Plagiat dans l’encyclopédie Wikipédia.

Sur la question du plagiat numérique dans l’enseignement supérieur public, vous pouvez consulter
la thèse de 2014 de Slimane de Beni Mellal à ce sujet sur le site Institut Numérique.

Vous pouvez enfin plus généralement consulter l’article Contrefaçon dans Wikipédia.


[1Article Plagiat Encyclopédie libre Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Plagiat

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